Audiences radio : Le triomphe de la proximité !
février 11, 2011 No Comments
La proximité paye ! C’est ce que confirment les sondages Médiamétrie pour la période novembre-décembre 2010.
Il n’est qu’à promener un regard circulaire sur le communiqué officiel publié ce 18 janvier ici, pour s’en convaincre. Le réseau France Bleu franchit un nouveau palier, en atteignant 7.5% d’audience cumulée, soit plus de 3.9 millions d’auditeurs par jour. Mais ce n’est rien comparé aux 16.1 points enregistré par le GIE des Indépendants, le groupement des radios locales et régionales de France, qui totalise 8,3 millions d’auditeurs par jour ! Des performances en constante augmentation, depuis plusieurs saisons.
Alors certes, ces audiences record sont en partie sans doute à mettre au crédit de circonstances exceptionnelles. Les conditions climatiques de cette fin d’année, son hiver précoce et ses chutes de neige record ont très vraisemblablement stimulé l’audience des médias locaux, et leur précieuse information-service : Radioguidage, prévisions météo, témoignages en direct à l’antenne…
Mais pour être en partie conjoncturel, ce phénomène n’en est pas moins profond. Il confirme l’attachement des français à leurs média de proximité. Les statistiques de fréquentation Internet des journaux régionaux vont dans le même sens. La proximité fait partie des valeurs sûres, des valeurs-refuge. Surtout lorsqu’une crise survient.
Il n’est qu’à observer l’audience de France Info pour s’en convaincre. La chaîne tout-info du groupe radio-France n’a absolument pas profité de cette actualité exceptionnelle, au contraire, puisqu’elle a perdu 0.7 points d’audience par rapport à l’an dernier.
Une radio régionale atteint une audience nationale !
Les radios locales et régionales se professionnalisent, se crédibilisent. Désormais, elles osent s’aventurer sur le créneau de l’information, ce qui n’était pas si évident il y a encore quelques années. L’info coûte, et forcément plus cher qu’une programmation musicale de type « top 40 » aussi bien servie soit-elle par des animateurs aux voix suaves.
Mais là où elle est mise en œuvre avec conviction, et instillée dans un programme largement tourné vers l’auditeur, elle muscle l’audience. L’exemple d’Alouette est à cet égard frappant ! Le réseau couvre le grand Ouest de la France, du Sud de la Bretagne au nord du Bordelais, de Laval à Angoulême en passant par Tours et Poitiers. Et en multipliant les contenus locaux, en organisant des décrochages d’information régionale à l’intérieur même de sa zone de diffusion, ce réseau multi-régional (Pays de Loire, Poitou-Charente, Morbihan, et la partie ouest de la région Centre) vient, ni plus ni moins, que de faire la conquête d’une audience de taille… nationale. Il apparaît en effet dans le communiqué de Médiamétrie, qui ne cite que les chiffres des radios dépassant le point d’audience sur la France entière.
Chapeau bas.
Jean-Charles Verhaeghe
En bref :
Radio Classique : celle qu’on n’attendait pas
Une des plus belles réussites de cette vague, même si elle demeure discrète, c’est celle de radio-classique. Il faut se souvenir qu’il y a 4 ans, la radio faisait 0.9 points d’audience. Aujourd’hui, elle obtient sa plus forte audience jamais enregistrée, progresse sur tous les registres (audience cumulée, durée d’écoute). La réussite de cette radio, dans ce contexte, est exemplaire : les deux transfuges d’Europe 1 qui la dirigent aujourd’hui, Sébastien Lancrenon (ancien directeur artistique de la rue François Premier) et Donat Vidal-Revel (ancien journaliste matinalier) tiennent une promesse précise du matin au soir : celle d’une radio élégante et agréable, avec une ligne éditoriale exigeante et bien servie. Valeur ajoutée, acharnement…
Ventre mou
Le modèle low cost… en fin de parcours ? Le ventre mou de la radio, selon ce sondage, ce sont les réseaux de radio adulte ou jeune adulte: Chérie, Nostalgie, Virgin, RFM, MFM. Des programmes qui ne présentent que très peu d’innovations d’une vague à l’autre, ou qui demeurent pétrifiés dans un modèle basé sur la programmation musicale, sans réelle valeur ajoutée. Et lorsque la programmation musicale ne tape pas dans le mille, rien ne peut plus sauver l’audience.
Europe1 France-Inter : on refait le match ?
Europe 1 travaille sur un modèle qui visiblement, ne fonctionne pas. Alexandre Bompard avait fait le pari de redonner du sens à la grille, notamment en débauchant Nicolas Demorand de chez France Inter. Mais la greffe ne prend pas. De son côté, France Inter, malgré ce départ et quelques autres, n’a rien perdu de son audience, sur un an. La différence ? Elle tient peut-être à une promesse claire, précise et constante, chez France Inter … plus décousue chez Europe. Qu’il y a-t-il en effet de commun entre Marc-Olivier Fogiel et Jean-Marc Morandini ? Entre Nagui et Nicolas Demorand ? Et pourtant, ce sont bien ces quatre personnalités, totalement dissemblables qui incarnent aujourd’hui la station de la rue François Premier.
L’Internet comme allié
Le travail des trois principaux réseaux jeunes sur le web a bien payé. Loin de considérer l’Internet comme un ennemi, ils en ont fait un allié : NRJ maintient son audience, FUN également, Sky aussi : elles sont parvenues à amener avec elles la génération digitale. Ces radios ont énormément travaillé ces derniers mois sur les réseaux sociaux, et là où on la disait perdue il y a encore 3 ans, cette radio-là prend une belle revanche, en allant chercher ses auditeurs où ils se trouvent, c’est-à-dire notamment sur le Net.
(article publié le 18 janvier 2011)
jeancharles@myconseils.fr
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