Le boum de la radio… sans émetteurs !
février 11, 2011 No CommentsFun radio et NRJ se livrent actuellement à une réjouissante guerre des communiqués. L’objet : qui a la plus grosse… communauté sur le web ? Et surtout, qui dégage la plus belle audience sur les nouveaux media ? Focus sur l’édifiant exemple de NRJ en Allemagne.
La guerre des communiqués fait rage, depuis le début de la semaine, entre les deux géants de la radio que sont NRJ et Fun radio, rivales sur le public jeune et donc forcément sur les « nouveau media ». Ces communiqués sont certes divertissants (j’ai le plus gros compte Facebook ! Moi, je suis au top sur Twitter ! Mon appli I-Phone est la meilleure !), mais l’essentiel est ailleurs.
Fun radio affirme générer désormais en France 13% de son audience via ces nouvelles application ! Quand à NRJ, sa filiale allemande (Energy) vient d’enregistrer une augmentation plus que spectaculaire de ses sessions de streaming outre-Rhin : +273 % en 2010 ! C’est à ce chiffre que nous avons choisi de nous intéresser. Caroline Werner est « Leitung Online International », c’est-à-dire responsable de l’Internet pour NRJ Group en Allemagne. Elle est entrée pour nous dans le détail de ces chiffres. Et ce qu’ils impliquent est totalement édifiant.
Ces 273 % d’augmentation représentent combien d’ouvertures de streams ?
Au total, ils représentent un peu plus de 36 millions de sessions en 2010. Cette augmentation de 273% est basée sur la comparaison des chiffres de décembre 2010 et de décembre 2009.
Combien de temps, en moyenne, un auditeur reste-t-il branché, via ces nouveau média ?
Avant que nous n’ayons lancé les applications pour mobiles, la durée d’écoute moyenne était d’environ une heure. Maintenant, avec les usages mobiles (les personnes qui se branchent notamment lorsqu’ils ont un peu d’attente quelque part), la moyenne a diminué de 15 à 20 minutes.
Quelles sont les programmes les plus concernés par ce mode d’écoute ?
Nos auditeurs écoutent d’abord les radios en live, ainsi que les chaines NRJ Danse et NRJ Hot (mais ce sont aussi celles qui se lancent par défaut lorsqu’on ouvre l’application sur un smartphone ou que l’on ouvre les webradios sur Facebook). En troisième position vient la chaîne NRJ RN’B. Et notre chaîne NRJ Lounge est celle qui détient le record de durée d’écoute, avec une moyenne encore supérieure à une heure.
Cette audience est-elle prise en compte dans les statistiques officielles ?
Pas vraiment. Il y a différentes façons d’écouter nos radios : via notre site energy.de, en cliquant sur les webradios ; avec les applications pour mobiles ; directement sur un player (Windows Media, Itunes…) ; sur des sites comme « radio.de » ; ou encore par WLAN radio (ndlr : radio directement connectée à votre réseau wi-fi). Pour terminer, je sais que Terratec, un producteur d’accessoires informatiques et de WLAN-radios très connu en Allemagne, utilise une technologie spécifique de partage des flux. Ce qui fait que lorsqu’on compte un streaming ouvert, c’est le plus souvent qu’il y a plusieurs auditeurs branchés. Et ce nombre n’est pas inclus dans nos statistiques. Nous avons donc encore plus d’auditeurs que ce que nous annonçons, mais je préfère ne déclarer que des chiffres que je peux prouver, et pas ceux d’une autre source.
Cette spectaculaire augmentation augure-t-elle de nouvelles habitudes d’écoute, et de nouveaux réflexes en termes de diffusion radio ?
Les nouvelles habitudes d’écoute sont effectivement de plus en plus impactantes. Particulièrement dans notre public-cible, où chaque auditeur, qui est aussi un utilisateur, se branche toute la journée, au travail, à la maison, ou entre les deux en utilisant son smartphone.
La « Jeune génération » des 20-30 ans va par exemple plus souvent regarder YouTube que la télévision. Ils utilisent bien entendu iTunes, et… MTV en Allemagne a dû migrer sur les chaines payantes du câble dans la mesure où plus personne ne la regardait.
Beaucoup de ces jeunes n’ont pas même un tuner à la maison. Ils ont des stations d’accueil pour leur Iphone, ou ils branchent directement leurs netbooks à un ampli pour écouter leur musique. Il va sans dire que nous serions vraiment stupides d’essayer d’ignorer cette réalité. Alors nous travaillons pour tâcher de capter l’auditeur où qu’il se trouve. Ce que je crois profondément, c’est qu’on ne doit plus envisager la radio aujourd’hui comme on l’envisageait hier : nous sommes condamnés à nous adapter.
Vertigineuse implication de cette lame de fond qui bouscule les modes d’écoute de la radio : on peut désormais tout à fait envisager de faire de l’audience… sans émetteurs ! Le gigantesque gâteau de la radio IP pourrait bien devenir très vite un sanglant champ de bataille entre opérateurs historiques et nouveaux arrivants. Et la guerre deviendra alors une guerre des contenus… et de la puissance de la marque !
Jean-Charles Verhaeghe
(article publié le 13 janvier 2011)