Radio contre Internet: qui est le plus réactif?
février 15, 2011 No CommentsAlors, le média de l’immédiat, c’est la radio, ou c’est le net? La question ne manque pas d’intérêt, surtout posée par Pierre France, journaliste multimedia aux DNA. Journaliste-blogueur, il a suivi en direct pour son journal l’étape alsacienne du World Rally Championship (WRC), en septembre 2010. Une passionnante expérience multimédia menée par un grand quotidien. Mais…
Faut-il le rappeler? Sébastien Loeb est Alsacien. Autant dire que les Dernières Nouvelles d’Alsace avaient intérêt à frapper fort, lorsque le régional de l’étape, chouchou de la compétition, est venu disputer une manche du championnat du monde… a domicile. Bien entendu, le print a fait son travail, déployé ses troupes, multiplié les angles et sans aucun doute livré d’excellentes pages à ce sujet le lendemain. Mais le défi du jour consistait également à coordonner un suivi en live de l’opération, pour le site Internet du journal. Juste incontournable, bien entendu.
Face à l’auteur de ce billet, la rédaction de France-Bleu Alsace était forcément mobilisée elle aussi.
Résultat? Pierre France décrit en réalité un vrai choc des cultures, tant les pratiques journalistiques, les techniques et les réflexes diffèrent lorsqu’on « vient du papier » ou lorsqu’on « vient de la radio ».
« Le média numéro 1 du rallye a été France Bleu Alsace, écrit Pierre France, dont l’antenne régionale, mobilisée à 100%, a nourri d’informations et de témoignages tous les fans du rallye et même ceux qui n’y entendaient goutte avant « l’assaut des bolides sur les contreforts des Vosges » (dixit Olivier Vogel).
Pourquoi cet échec ?
D’abord parce que dans l’esprit des confrères de la presse écrite, l’immédiat, ça n’existe pas. L’exigence d’une publication des infos en temps réel passe après la récupération de toutes les infos, la nécessité de publier une photo dès le départ doit attendre que le photographe ait réalisé toutes ses photos, etc. Bref, le web passe après le print et tant pis pour l’immédiat.
Du côté de la radio, l’immédiat est inscrit dans le code génétique des journalistes. Lors de ce week-end, peu importait le moment, les journalistes de France Bleu Alsace se sont rués sur les pilotes dès leurs arrivées et commentaient en direct ce qu’ils voyaient, même s’il ne se passait pas grand chose (« on attend les coureurs », etc). Le résultat était que les auditeurs avaient l’impression de « vivre » le rallye, ils y étaient. »
L’une des valeurs ajoutées du papier est de pouvoir offrir un peu de recul à l’information, fut-ce de quelques heures. Ce temps de pause est inscrit dans les habitudes du journaliste print. Temps qui lui est indispensable pour recouper, valider, choisir, muscler l’information. L’une des valeurs ajoutées de la radio est de pouvoir faire précisément le contraire, c’est à dire de se jeter la tête la première dans l’évènement et d’en rendre compte, à chaud, en direct à ses auditeurs. Ces deux registres sont totalement complémentaires, mais ne se vivent pas dans le même espace-temps.
Le journaliste multimédia, hybride, sait travailler dans les deux univers, mais encore faut-il que la structure au service de laquelle il place son talent soit prête à lui offrir toutes les ressources nécessaires. Ce n’est visiblement pas -encore- le cas. Mais pour combien de temps?
Lire l’intégralité du passionnant billet de Pierre France ici
J-Ch.V
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